Le Diabète sucré 


Complications

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    Le diabète, qu’il soit insulino-dépendant (DID) ou non (DNID) est susceptible de provoquer des complications à moyen et long terme. L’apparition de ces complications est fonction de l’équilibration du diabète. Un diabète équilibré se compliquera moins vite qu’un diabète livré à lui-même.

Lorsqu’il n’est pas traité, le DID évolue invariablement vers un coma acido-cétosique et la mort. Mais malgré le traitement à base d’insuline les complications restent fréquentes et nombreuses. Le diabète favorise les infections, en particulier la tuberculose, les mycoses cutanées et génitales (témoins d’un mauvais équilibre du diabète), des infections cutanées, les maladies virales et des infections urinaires.

Mais outre les infections fréquentes et diverses, on peut distinguer trois grands types de complications (fig.1) :

Nous étudierons donc la physiopathologie de l’Acidocétose diabétique, de la microangiopathie, de la macroangiopathie en insistant sur l’implication de l’HTA et de la dyslipoprotéinémie dans la survenue d’accidents cardio-vasculaires chez le diabétique. Enfin nous verrons comment les diverses complications chroniques : macroangiopathie, microangiopathie, neuropathie et infections peuvent elles-mêmes entraîner une complication bien connue chez le diabétique : Le Pied Diabétique.
 
 

Figure 1
 
 

I - Acidocétose diabétique

PHYSIOPATHOLOGIE

Avant l’insulinothérapie, l’acidocétose aboutissait à un coma entraînant en quelques heures le décès. Avec les progrès actuels et l’éducation des diabétiques, le terme de coma a pris un sens plus large désignant une acidocétose sévère dont l’incidence annuelle est d’environ 5 pour mille.

L’acidocétose, c’est à dire une accumulation de corps cétoniques dans l’organisme est la conséquence d’une carence profonde en insuline. Mais d’autres hormones agissent en synergie et jouent un rôle important dans la cétogénèse par leur action lipolytique. Ce sont : Le Glucagon, le Cortisol et les Catécholamines.
 
 

La chute de l’insulinémie lors du jeûne entraîne la mise en route de la voie catabolique permettant à l’organisme de puiser dans ses réserves. La lipolyse adipocytaire libère des AG dont le métabolisme hépatique produit des corps cétoniques utilisés par le muscle cardiaque. Un autre mécanisme : la néoglucogénèse hépatique fournit du Glucose aux tissus gluco-dépendants, principalement le cerveau dont les besoins quotidiens en glucose sont deux fois supérieurs aux réserves en glycogène hépatique.

Il existe un rétrocontrôle du catabolisme : la diminution de l’insulino-sécrétion (par exemple lors du jeûne) active la lipolyse et donc comme nous venons de le voir une augmentation de la cétogenèse. Or, les corps cétoniques entraînent une sécrétion d’insuline qui freine en retour la lipolyse et donc la cétogenèse. Ainsi, chez le diabétique insulinoprive, l’absence de ce rétrocontrôle entraîne des taux d’AG libres 2 à 4 fois supérieurs à la normale (lors du jeûne).

Donc la carence en insuline va entraîner une hyperglycémie et une hypercétonémie.

Figure 2

L’hyperglycémie est due :

Conséquences : (fig. 3) Le glucose ne pénétrant plus dans la cellule entraîne une hyper-osmolarité extra-cellulaire induisant un passage d’eau et de potassium intracellulaire vers le compartiment extra-cellulaire. Il en résulte une hypervolémie qui va entraîner une augmentation du flux de filtration glomérulaire. La quantité de Glucose filtré dépasse la capacité de réabsorption du tubule rénal et le glucose non réabsorbé est éliminé dans les urines : glycosurie. Celle-ci s’accompagne d’une diurèse osmotique qui non compensée par les boissons entraîne une hypovolémie qui par opposition à l’hypervolémie va induire une chute du flux glomérulaire appelée insuffisance rénale fonctionnelle majorant l’hyperglycémie.

Figure 3




L’hypercétonémie est due (fig. 4) :

Figure 4


Conséquences : Ces conséquences que nous venons de voir entraînent leurs propres conséquences.

Un signe clinique important du coma acidocétosique est la déshydratation des secteurs intra et extra-cellulaire.
(fig. 5)

Figure 5


La déshydratation est due : Cette déshydratation entraîne nous l’avons dit une hypovolémie responsable d’une insuffisance rénale fonctionnelle avec hyperaldostéronisme secondaire visant à la réabsorption d’eau et de sodium au niveau du tubule rénal. Néanmoins le bilan sodé reste négatif.

Les pertes de sodium sont dues :

Les pertes de potassium ont lieu à deux niveaux (fig. 6) : Ainsi on remarque que la kaliémie peut être haute normale ou basse avec malgré tout un bilan négatif.
 
 

Figure 6





Enfin, l’hypophosphatémie (perte du phosphate) entraîne un déficit en 2,3-diphosphoglycérate présent dans les hématies, qui favorise la dissociation de l’oxyhémoglobine au niveau tissulaire et dont le déficit peut être responsable d’une hypoxie tissulaire avec ses propres conséquences.
 
 

Leur action lipolytique ne se manifeste que s’il existe une carence en insuline. C’est le rapport Insuline/Glucagon qui joue un rôle important sur le métabolisme : il y a anabolisme s’il augmente et catabolisme quand il est diminué.


Figure 7
 
 

CAUSES

Dans 85% des cas, le coma acidocétosique complique un diabète traité par l’insuline. Mais dans 15% des cas, il complique un diabète non traité par l’insuline soit parce qu’il s’agit d’un diabète auquel vient se surajouter une agression (infection) soit parce qu’il s’agit d’un diabète de type II devenant insulino-dépendant après des années de traitement par hypoglycémiants oraux.

Ainsi les causes de l’acidocétose diabétique sont diverses :

CONCLUSION : Education du diabétique, efficacité des traitements et rapidité du diagnostique permettent aujourd’hui l’obtention d’un taux de mortalité inférieur à 5%
 
 

Figure 8

Figure 9
 
 
 

II - La microangiopathie diabétique

PHYSIOPATHOLOGIE

La microangiopathie diabétique intéresse les petits vaisseaux : artérioles, veinules et capillaires. Elle se manifeste cliniquement au niveau de l’œil (rétinopathie), du rein (glomérulopathie) et des nerfs (neuropathie).

1.Responsabilité de l’hyperglycémie chronique. (fig. 9)

La théorie retenue actuellement sur le déterminisme de la microangiopathie diabétique est une théorie métabolique reposant sur la toxicité du glucose et ses mécanismes. L’hyperglycémie agirait comme une répétition d’agressions aiguës du métabolisme cellulaire. Ce processus semble être sous l’influence d’un déterminisme génétique et régulé par des facteurs d’aggravation tels que l’HTA et les dyslipoprotéinémies. Néanmoins, l’hyperglycémie joue un rôle nécessaire mais non suffisant dans la survenue de ces lésions. Les chaînons sont multiples entre l’hyperglycémie et la microangiopathie laissant envisager l’existence de polymorphismes dans la possibilité d’apparition de complications dégénératives.

2. Mécanismes de la glucotoxicité.

Les mécanismes de la toxicité du glucose au niveau des tissus cibles des complications du diabète sont multiples. Le glucose exerce son effet toxique par différentes voies : la voie des polyols, la déplétion en myoinositol, la glycation protéique, un défaut en héparane sulfate, le stress oxydatif, la voie de la protéine kinase C et une action sur l’expression génique.

En présence d'une hyperglycémie, un détournement du métabolisme du glucose se produit, celui-ci au lieu d'être essentiellement oxydé dans la voie de la glycolyse se trouve l'être dans la voie des polyols. L’excès de glucose qui franchit la membrane cellulaire est réduit en sorbitol sous l’action de l’aldose réductase en présence de NADPH, H+ puis la sorbitol-deshydrogénase catalyse sa transformation en fructose. Compte tenu du Km élevé de ces enzymes, seule la disponibilité en substrats constitue un facteur limitant. L’accumulation du sorbitol s’accompagne d’une déplétion en myoinositol. En effet, l’hyperglycémie va inhiber la captation du myoinositol par un effet compétitif du glucose sur les récepteurs membranaires du myoinositol et l’accumulation intracellulaire du sorbitol favorise sa sortie extra-cellulaire. Le défaut en myoinositol entrave le métabolisme des phospho-inositides, la production de diacylglycérol et d’inositol triphosphate. DAG et inositol triphosphate régulent l’activité de la protéine kinase C (PKC) et leur déplétion induit un défaut d’activation de la PKC avec finalement une diminution de la Na-K ATPase. Celle-ci serait à l’origine d’une rétention intracellulaire du sodium et surtout d’un défaut de captation sodium-dépendante de différents substrats : AA et myoinositol lui-même créant un véritable cercle vicieux.

Figure 10





Le défaut d’extrusion cellulaire du sodium et les altérations des échanges membranaires qui lui sont liés expliqueraient entre autres :

Une des conséquences essentielles de l'hyperglycémie est la glycosylation non enzymatique ou glycation des protéines. Ce processus se déroule selon trois étapes : La glycation est ainsi susceptible de modifier les propriétés de différents enzymes et protéines en fonction de leur demi-vie. (augmentation de l’affinité de l’hémoglobine glyquée pour l’oxygène ce qui en théorie favorise l’hypoxie tissulaire mais dont les effets restent minimes in vivo)

Figure 11





En revanche, les protéines à durée de vie longue (collagène, myéline) vont subir des réactions complexes, notamment la réaction de Maillard. Leur accumulation tient de l’irréversibilité de la réaction. Ils seraient responsables :

En effet, le métabolisme des protéines de la matrice extra-cellulaire fait intervenir les macrophages, au niveau desquels un récepteur spécifique des produits terminaux de glycation a été récemment mis en évidence. Ce récepteur est inhibé par l’insuline et activé par le TNF (tumor necrosis factor).
La stimulation de ce récepteur induit la sécrétion de cytokines (TNF et IL-1) et de facteurs de croissance. Cette sécrétion a pour but le recrutement de cellules mésenchymateuses et endothéliales qui vont sécréter des collagénases, protéases et facteurs de croissance pour le remodelage de la matrice extra-cellulaire. La liaison sur des récepteurs spécifiques de produits terminaux de glycation va entraîner la prolifération de cellules mésangiales, endothéliales et fibres musculaires lisses, ainsi qu’une augmentation du collagène IV et enfin le catabolisme accru des protéoglycanes induisant comme nous l’avons vu une hyperperméabilité vasculaire par diminution des charges négatives de la paroi.
N.B. : L’hémoglobine glyquée est un marqueur de l’équilibre glycémique. L’hyperglycémie chronique entraîne un déficit relatif en héparane sulfate. En effet ce déficit dépend d’un facteur génétique qui explique la probabilité variable d’un individu diabétique à un autre de développer une microangiopathie.

Ce déficit expliquerait :

N.B. : L’héparine est susceptible de ralentir l’évolution de certaines formes d’insuffisance rénale chronique et inhibe in vitro la prolifération des cellules endothéliales et mésangiales. Le diabète est responsable du stress oxydatif à deux niveaux : Causes : On attribue l’augmentation de radicaux libres à : La déplétion des anti-oxydants est quant à elle attribuée à : Ceci induisant naturellement un déficit en Vitamine C.

Figure 12

Figure 13





Conséquences : Les radicaux libres provoquent :

Il s’agit d’un véritable cercle vicieux puisque les lésions tissulaires et la mort cellulaire provoquées par le stress oxydatif entraînent à leur tour une augmentation des radicaux libres. La PKC joue un rôle important dans la transduction du signal apporté par les hormones et les facteurs de croissance. Elle intervient ainsi dans des fonctions aussi diverses que la croissance cellulaire et la synthèse d'ADN, le renouvellement des récepteurs membranaires et la réactivité aux facteurs de croissance, la contraction des fibres musculaires lisses et le contrôle du tonus vasculaire, la production de collagène et la synthèse de la membrane basale, l’angiogenèse. Son activité est régulée par le niveau de diacylglycérol (DAG) et d'inositol triphosphate. L’hyperglycémie chronique augmenterait l’activité de la PKC. Cet effet est lié à une augmentation de la synthèse de novo de DAG à partir de précurseurs dérivés de la glycolyse (fourniture de dihydroxyacetone-phosphate donnant le Glycerol-3-phosphate, puis un acide phosphatidique et enfin le DAG). Cet effet du glucose sur la PKC a été retrouvé sur des cellules musculaires lisses aortiques bovines et au niveau de glomérules rénaux de rats diabétiques.

L’hyperactivité de la PKC pourrait donc jouer un rôle clé dans la pathogénie de la microangiopathie diabétique, responsable d’une hyperperméabilité capillaire et d’un hyperdébit (vasodilatation) que l’on retrouve dans la rétinopathie. Mais cette théorie reste contestée : notons qu’elle est en contradiction avec la théorie de la déplétion en myoinositol.

L’hyperglycémie chronique pourrait entraîner une amplification de l’expression de certains gênes avec une production accrue de collagène IV, de fibronectine. Il pourrait en être de même pour l’aldose réductase (Cf voie des polyols).

Une caractéristique remarquable est l'existence d'une "mémoire de l'hyperglycémie" définie comme la persistance de la surexpression génique induite par le glucose après plusieurs divisions cellulaires. Il est bien établi que les lésions microvasculaires induites par l'hyperglycémie prolongée sont difficilement réversibles avec la normalisation glycémique qui doit être la plus précoce possible. Le mécanisme de cette altération de l’expression génique reste incertain. Il pourrait y avoir glycation de l’ADN.

Une autre hypothèse repose sur une interaction réciproque cellule endothéliale-matrice extracellulaire, la glycation des composants de la matrice (glycation des intégrines) représentant le signal modifiant certaines expressions géniques de la cellule endothéliale. Ainsi des travaux de Charonis et Watanabe montrent qu’au niveau rétinien, en présence d'une matrice de collagène glyqué ou de laminine glyquée, la prolifération des péricytes est réduite (diminution de la contractilité et hyperdébit) alors que celle des cellules endothéliales est accentuée.
 

Conclusion sur les mécanismes biochimiques de la microangiopathie :

Toutes ces perturbations biochimiques sont interdépendantes et très liées entre-elles.

Des anomalies hémodynamiques précèderaient les modifications structurales de la paroi vasculaire. En clair, les tissus réagissent aux agressions dont ils sont victimes.

      1/ Lésions élémentaires

Les principales anomalies histologiques sont :

Ces anomalies capillaires s’accompagnent :       2/ Perturbations hémo-rhéologiques

Fonctionnelles, contrairement aux lésions pariétales, elles sont réversibles avec le retour à un parfait équilibre glycémique.

Tout ceci peut entraîner des lésions pariétales.     Augmentation du fibrinogène et du fibrinopeptide A (première étape de la transformation du fibrinogène en fibrine sous l’action de la thrombine) et diminution de la fibrinolyse avec élévation du PAI 1 (plasminogène activateur inhibiteur 1 secrété par les cellules endothéliales)
    Augmentation du facteur VII de coagulation (" colle plaquettaire ")
Ces anomalies thrombogènes pourraient être secondaires aux lésions micro-vasculaires ou corrélées à l’équilibre glycémique.
 

      3/ CONSEQUENCES : Hypoxie et Hypertrophie

Note : La photocoagulation au laser (fig. 14) permet de briser ce cercle. En détruisant la rétine périphérique, elle restaure la pression partielle en oxygène de la rétine centrale restante. L’oxygène pur permet alors une vasoconstriction capillaire régulant le flux sanguin rétinien en le diminuant.


CONCLUSION : Actuellement, les chaînons qui relient l’hyperglycémie chronique aux lésions tissulaires restent hypothétiques. Notons juste la nature pluri-factorielle de la microangiopathie. Hormis l’hyperglycémie, il convient de reconnaître l’implication de l’HTA, des dyslipoprotéinémies, du tabac et de la grossesse dans la survenue de cette pathologie. Ainsi lutter contre l’apparition de ce type de lésion revient à obtenir le meilleur contrôle glycémique possible, mais aussi à rechercher et en traiter toute élévation de la pression artérielle, à lutter contre l’excès pondéral, le tabagisme et à favoriser l’activité physique. Enfin, même si le diabète de type II survient plus tard que le type I et laisse donc entrevoir une chance plus minime d’apparition d’une microangiopathie, il est à noter que DID et DNID comportent les même risques.

Figure 14
 
 

III – Macroangiopathie et diabète

PHYSIOPATHOLOGIE

Elle désigne l’atteinte des artères musculaires et regroupe deux maladies de la paroi artérielle : l’athérosclérose et une maladie dégénérative de la média, aboutissant à la médiacalcose (sclérose artérielle caractérisée par la dégénérescence et la calcification des fibres musculaires de la média artérielle). Mais l’athérosclérose demeure la complication majeure puisque 50 à 75 % des diabétiques insulino-dépendants meurent d’accidents cardio-vasculaires. La prévalence de l’athérome est multipliée par deux chez les hommes diabétiques et par quatre chez les femmes diabétiques, mais elle respecte la répartition mondiale de l’athérosclérose très inégale d’un pays à l’autre. Ainsi le diabète n’ajoute pas un facteur de risque spécifique mais potentialise l’action de deux facteurs majeurs de risque vasculaire : l’hypertension artérielle (deux fois plus fréquente chez les diabétiques) et les dyslipoprotéinémies (deux à trois fois plus fréquentes chez les diabétiques).
 
 

Le diabète ou plutôt les troubles hormonaux et métaboliques ont des conséquences sur le métabolisme des lipoprotéines. Dans le DID, ils sont secondaires au diabète et en lien avec l’équilibre glycémique. Alors que dans le DNID, ils sont secondaires à l’insulino-résistance, aggravés par le déséquilibre qlycémique mais précèdent le diabète.

RAPPELS

Lorsque la voie du récepteur à l’apo B est défaillante, les LDL s’accumulent et vont s’oxyder au contact des cellules endothéliales. L’apo B lysée n’est plus reconnue par son récepteur. Néanmoins les LDL oxydés ont une grande affinité pour le récepteur " scavenger " des macrophages. Internalisées puis dégradées, elles libèrent leur cholestérol qui est estérifié. Mais les macrophages ne possèdent pas de rétrocontrôle et se chargent de cholestérol se transformant en cellules spumeuses qui semblent jouer un rôle fondamental dans la pathogénie de l’athérosclérose. Le rôle de la protéine de transfert CETP dans la pathogénie de l’athérome reste débattu.

Une hypothèse serait que le transfert entraîne la formation de LDL de petite taille, plus athérogènes que les LDL synthétisés normalement par le foie.

La Lipoprotéine (a)

D’une structure voisine de la LDL, plus riche en triglycérides, elle possède une apoprotéine spécifique : l’Apo (a) reliée à l’Apo B par un ou plusieurs ponts dissulfures. Ces liaisons masqueraient en partie le site de liaison de l’Apo B pour le récepteur des LDL. Elle est synthétisée par le foie indépendamment des autres lipoprotéines. Son taux est déterminé génétiquement à 75%. L’athérosclérose a été associée à des taux élevés de Lp(a). La mise en évidence de la Lp(a) dans les plaques d’athérome et la découverte d’un important degré d’homologie entre le plasminogène et l’Apo (a) suggère que la Lp(a) pourrait constituer un lien étroit entre les phénomènes d’athérosclérose et de thrombose.
 

Un excès de synthèse des VLDL provoque une hypertriglycéridémie. Cet excès de synthèse est secondaire à l’augmentation du flux portal de substrats : AG libres et Glucose. L’hyperinsulinisme pourrait potentialiser l’augmentation de synthèse des VLDL. En plus de cette anomalie quantitative, on observe des anomalies qualitatives avec des VLDL plus riches en triglycérides et cholestérol libre. Leur taille est augmentée leur conférant une résistance à la lipolyse. Certains vont être captés par les macrophages.

L’insulino-résistance caractéristique du Diabète de type II avec surcharge pondérale rendrait compte de la moindre activité de la lipoprotéine lipase adipocytaire.

Conséquences : Ainsi la voie de transformation des VLDL en LDL est diminuée (la lipoprotéine lipase insulino-sensible voit son activité réduite par l’insulino-résistance) au profit de la production de VLDL-remnants athérogènes.                                                     - capacité de transport du cholestérol diminuée. Donc, l’hypertriglycéridémie constitue un risque d’athérogénèse.
 
 

Note : Mais l’athérosclérose est aussi un marqueur de risque d’apparition d’un DNID et pas

seulement la complication d’un DNID.

Figure 16




Le Syndrome X ou " pré-diabète " précède le DNID.

Chez une personne obèse, dont la répartition du tissu adipeux est de type androïde et viscérale, l’augmentation de la concentration en AGL est responsable d’une insulino-résistance entraînant une hyper-insulinémie qui associée à des facteurs génétiques, à l’age et des facteurs environnementaux comme la sédentarité est susceptible d’entraîner une hypertension artérielle, un diabète non insulino-dépendant, une hypertriglycéridémie (VLDL augmentés, HDL diminués) et une hypofibrinolyse par diminution du plasminogène activateur inhibiteur I (PAI I). (la plasmine lyse le caillot de fibrine)
 

Environ 50% des diabétiques meurent d’accidents cardio-vasculaires suite à une athéromatose (Cf dyslipoprotéinémies) et 30% des diabétiques insulino-dépendants décèdent en insuffisance rénale terminale. L’hypertension artérielle est un facteur déterminant de ces deux types de pathologies et son traitement, sa surveillance notamment chez le diabétique vont être essentiels à la prévention de l’athérosclérose et donc des macroangiopathies diabétiques. Les facteurs de risque sont : pour le diabète de type I, la durée du diabète, l’équilibre glycémique, le sexe masculin, l’existence d’une glomérulopathie ; pour le diabète de type II, l’âge, l’index pondéral, le sexe féminin et l’existence d’une atteinte rénale. Différentes formes d’HTA du diabétique : (Nous ne ferons ici que les évoquer brièvement) Quand le débit augmente (systole) l’élévation de pression ne peut être amortie qu’avec une diminution des résistances périphériques comme nous le montre la formule P=Q.R .

Or, le défaut de compliance empêche ce mécanisme et donc entraîne une élévation de pression qui accélère l’usure des parois artérielles avec donc un véritable cercle vicieux puisque celles-ci perdent encore de leur compliance. De plus l’élévation de la pression artérielle systolique est responsable d’une augmentation de la charge cardiaque susceptible d’induire une hypertrophie ventriculaire gauche.

Hypertension artérielle et obésité.

C’est le diabète de type II que nous retrouvons cette association obésité et HTA. La parenté entre les deux maladies est renforcée par l’existence de facteurs de risque communs : l’âge, le poids, la répartition androïde des graisses, la sédentarité. La pathogénie de ce type d’HTA est attribuée surtout à l’insulino-résistance et à l’hyper-insulinisme qui en découle. L’insulino-résistance entraîne une inhibition de la Na-K-ATPase responsable d’une rétention sodée intra-cellulaire, en particulier au niveau des cellules musculaires lisses de la paroi vasculaire. D’autre part, l’hyper-insulinisme serait responsable d’une rétention sodée tubulaire, d’une activation du système sympathique avec augmentation du taux de noradrénaline, d’une hypertrophie des cellules musculaires lisses et peut-être d’une activation du système rénine angiotensine aldostérone. Ceci entraîne bien évidemment une élévation de la pression artérielle. Le défaut d’élimination sodée s’accompagne d’une volémie normale puisque la surcharge sodée est essentiellement intra-cellulaire (cellules musculaires lisses artériolaires). Cette rétention entraîne une accumulation du calcium. La surcharge en sodium est potassium intracellulaire serait responsable de l’hypersensibilité aux hormones vasopressives.

Les mesures diététiques et l’activité physique ont une action parallèle sur la pression artérielle et l’insulino-résistance.

En fait, comme nous l’avons déjà vu, HTA et DNID sont des manifestations du Syndrôme X.

Note : De fait, il existe une corrélation entre les valeurs de pression artérielle systolique et diastolique, et, le rapport périmètre de la taille sur périmètre des hanches (répartition des graisses).

Figure 17

Elle est plus précoce, plus fréquente et plus grave chez les diabétiques qu’au sein d’une population non diabétique. Cette gravité accrue s’explique par l’addition de plusieurs facteurs, notamment la fréquence des troubles métaboliques ( par exemple, l’hypoglycémie favorise la thrombose), ou encore des altérations vasculaires : microangiopathie diabétique, mais aussi artériolosclérose avec épaississement de la média, et surtout médiacalcose, conséquence d’un vieillissement accéléré du collagène artériel et/ou d’un défaut d’innervation pariétale secondaire à la neuropathie sympathique.

1/ Siége.

Elle touche essentiellement les artères coronaires, responsable d’infarctus du myocarde, et les membres inférieurs ( artérite des membres inférieurs ).

N.B. : au niveau cérébral, les lésions artériolaires sont surtout dues à l’hypertension artérielle.

2/ Rôle du diabète dans la pathogénie de l’athérosclérose. (fig. 18)

Rappelons brièvement les étapes de l’athérosclérose qui ne sont pas ici l’objet de notre exposé :


Le diabète va intervenir à différents niveaux (fig. 18) :


Figure 18


L’atteinte cardiaque du diabétique consécutive à la macroangiopathie est de deux types :


CONCLUSION : Là encore, il apparaît clairement que l’atteinte des gros vaisseaux ne peut à elle seule expliquer la précocité, la fréquence et surtout la gravité des atteintes périphériques comme ici la cardiopathie. En effet, si l’athérosclérose coronarienne est un facteur important, la pathogénie ici évoquée est en fait pluri-factorielle : la dénervation cardiaque (neuropathie) entraîne une modification du rythme et une complication aiguë comme l’hyperglycémie à également des conséquences sur le myocarde en ischémie. Retenons donc l’interaction des différentes complications du diabète, interaction qui transparaît de manière évidente dans une complication bien connue du diabète : Le Pied diabétique.
 
 

IV – Le Pied Diabétique




Plus de 50% des amputations de membre inférieur sont réalisées chez des diabétiques.

On retrouve schématiquement 3 types de pied diabétique :

A cela vient s’ajouter l’infection en cas d’ulcération.
  N’ayant pas étudié les Neuropathies, nous signalerons juste que l’on retrouve dans la pathogénie de la neuropathie diabétique l’ensemble des processus physiopathologiques évoqués jusqu’ici : les angiopathies diabétiques se traduisant par des atteintes vasculaires au niveau des vasa nervorum, par exemple une occlusion provoquant une ischémie qui peut également être consécutive à un œdème lui-même secondaire à l’augmentation de la perméabilité capillaire (Cf voie des Polyols et Glycation protéique) et à la rupture de la barrière hémato-nerveuse que l’on retrouve dans l’hyperglycémie chronique. De plus, l’hypoxie va être à l’origine d’une augmentation des radicaux libres alors qu’il y a diminution des antioxydants endogènes. Enfin, n’oublions pas le rôle de la déplétion en myoinositol dans l’altération des cellules nerveuses.

La neuropathie est donc responsable de diverses complications :

La marche impose au pied, en particulier ses points d’appui des forces de contraintes qui provoquent des fractures nécroses au niveau des os fragilisés (ostéoporose) : Ainsi, il y a effondrement de la voûte plantaire : le pied est plat ! Les troubles moteurs sont responsables d’une déformation progressive du pied (pied creux et orteils en griffes), ce qui accentue l’appui sous la tête des métatarsiens, crée des frottements dans la chaussure au niveau des articulations interphalangiennes proximales et un appui amormal sur la pointe de l’orteil.

Au niveau des points d’appui et de frottements anormaux, se constituent des durillons. Mais le diabétique neuropathe ne perçoit pas la douleur et néglige ces durillons qui sont très durs et blessent les tissus sous-cutanés. Une bourse séreuse se forme sous le durillon. A la marche et à la station debout, le liquide sous pression dissèque les tissus sous-cutanés qui se décollent. Puis la couche cornée se fendille. La " bourse " nécrotique sous-jacente se surinfecte. Un abcès se constitue dont le pus s’évacue quand la " coque " tombe.

Figure 19

Figure 20


Rappels : Les lésions vasculaires des diabétiques sont de 4 ordres : La gangrène sèche du diabétique est toujours la conséquence d’une athérosclérose des artères de gros et moyen calibre. Les autres lésions vasculaires vont aggraver la gangrène. Par exemple, la gangrène d’un orteil n’est pas secondaire à la microangiopathie mais à des lésions d’athérome en aval et en amont avec une revascularisation par des vaisseaux collatéraux au niveau de la cheville : d’où des pouls pédieux et tibiaux postérieurs perçus normalement.
  Elle est rarement la cause du pied diabétique mais le complique très fréquemment.
CONCLUSION GENERALE

La diminution du risque d’apparition d’une complication du diabète (type I et type II) passe par la prévention. Ainsi, la fréquence de survenue d’un coma acido-cétosique est diminuée par l’éducation du diabétique dont les éléments essentiels sont : surveillance de la glycémie capillaire, de la glycosurie, adaptation des doses d’insuline et contrôle de la cétonurie si nécessaire. Enfin, nous avons vu que les facteurs de risque vasculaires sont multiples. Il est important de souligner leur variabilité géographique. Des études suggèrent l'importance des facteurs environnementaux, principalement l'apparition d’une alimentation de type occidental, dans le développement de l'athérosclérose et des maladies coronariennes chez les Japonais. En Europe, on observe de grandes variations dans la prévalence des facteurs de risque chez des sujets coronariens. Ces variations sont en partie imputables aux différences dans la stratégie de prise en charge des sujets à risque coronarien et dans les moyens en termes de spécialistes ou de financement mis en oeuvre.
 
 
 
 
 

Sources :

- " Les Diabètes : comprendre pour traiter "

A. Grimaldi

http://www-sante.ujv-grenoble.fr/SANTE/   H. Dabadie et H. Gin, Bordeaux.

- " La Biochimie " (Flammarion)

de Lubert Stryer
 

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